Comment conduire sa fertilisation ?

Les besoins de la vigne en azote dépendent des objectifs de production, donc des rendements et du profil de raisin visé. Elle est donc primordiale dans le cadre d’un V.I.E. dont les objectifs de rendement sont élevés. Mais au-delà d’assurer une alimentation suffisante à la vigne, la fertilisation doit aussi assurer le bon fonctionnement du sol, gage d’une nutrition correcte de la vigne.

Quel est le rôle de l’azote pour la vigne ?

Il s’agit d’un constituant essentiel de la matière végétale puisqu’il entre dans la composition des acides aminés, de l’ADN et d’autres substances indispensables à la croissance et au développement de la vigne (chlorophylle, hormones…). Chez toutes les plantes cultivées, il existe une relation directe entre la disponibilité en azote du sol ou du milieu de culture, la croissance du végétal et le rendement.

Quels sont les besoins de la vigne en azote ?

Dans un V.I.E, les besoins de la vigne sont supérieurs à d’autres types de production. Ils se situent entre 70 kg et 100 kg d’azote par hectare et par an. Ils sont satisfaits, en partie, par l’azote fourni par la minéralisation de la matière organique (MO) du sol et dans le cadre du V.I.E. l’apport d’azote minéral par ferti-irrigation (apport d’ammonitrate liquide). La minéralisation de la MO dépend des conditions climatiques (température et humidité) et du type de sol (taux d’argile, pH…).

Les besoins de la plante en azote augmentent à la floraison pour atteindre un pic au stade petits pois et à la véraison. Du débourrement au début de floraison, l’azote nécessaire à la pousse est fourni essentiellement par les réserves contenues dans les racines et accumulées à la fin du cycle végétatif précédent. Ce n’est qu’à partir de la floraison que la vigne absorbe l’azote du sol de façon notable.

Dans le cadre d’un V.I.E., il est primordial de pouvoir assurer à la plante une bonne alimentation azotée durant cette période allant jusqu’à la fermeture de la grappe pour assurer « le chemin idéal » du rendement, c’est-à-dire allier croissance végétative rapide et croissance des baies régulière.

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schema absorption de l'azote par la vigne

Comment gérer l’azote ?

La première étape indispensable est de parfaitement connaître les caractéristiques de son sol. Des analyses doivent informer des valeurs de Matière Organique (MO) et du rapport C/N. Sur cette base, le viticulteur connaitra son potentiel et ses capacités de restitution à la plante. La fertilisation azotée doit être intégrée au raisonnement global de la fertilisation de la vigne, en relation avec l’entretien du sol. La gestion azotée est à réfléchir annuellement en prenant en considération les apports liés à la matière organique du sol. La gestion de la fertilisation azotée doit se raisonner à partir des éléments suivants :

  • L’entretien du sol : l’enherbement va concurrencer la vigne au niveau des prélèvements d’azote. Le travail du sol a tendance à accélérer la minéralisation de la matière organique et donc la libéralisation d’azote par le sol, en augmentant l’aération et en rendant les matières organiques plus accessibles à la biodégradation
  • Par l’analyse de terre pour le K2 (coefficient de minéralisation : taux de matière organique dégradée annuellement) et la profondeur exploitée par les racines (idée du volume de sol exploré par la vigne)
  • Les apports d’amendements organiques : les amendements organiques contiennent plus ou moins d’azote et se présentent sous plusieurs formes de matière organique. Ainsi, un amendement ligneux bien composté libérera très peu d’azote chaque année.

On peut estimer que les pertes annuelles en azote sur un V.I.E. sont comprises entre 700 et 1000 kg/ha En considérant que la restitution au sol liée aux sarments est faible, inférieure à 300 kg/ha, le besoin du vignoble est entre 400 et 700 kg/ha.

Pour en savoir plus, consultez la fiche pratique sur la gestion de la matière organique dans le cadre d'un V.I.E.

Quels sont les symptômes d’une carence azotée ?

Les symptômes d’une carence en azote sont souvent difficiles à identifier car ils ne sont pas localisés et concernent, en général, une parcelle entière. On peut observer :

  • une réduction de la vigueur sur souche
  • les sarments et les entre-nœuds sont anormalement courts
  • les jeunes feuilles restent petites et pâlissent. A partir du début de la véraison, les pétioles, les nervures et les rafles prennent une teinte rougeâtre. Les feuilles chutent précocement
  • sur raisin, la maturation est faible et étagée et le nombre de pépins dans les baies peut être réduit
  • la baisse de la teneur en azote dans les moûts qui peut engendrer des difficultés de fermentation

Cette analyse simple à la vendange permet d’obtenir une bonne vision de la situation de la parcelle. En V.I.E., des teneurs en azote des moûts supérieurs à 130 mg/l sont à rechercher. Des valeurs inférieures invitent à mieux réfléchir la fertilisation annuelle.

Quels sont les outils d’aide à la décision ?

L’observation est actuellement l’outil le plus utile, le préalable indispensable pour déterminer la nutrition azotée de la vigne, par l’intermédiaire de l’évaluation de la vigueur. Le nombre de rognages, le développement de la pourriture grise, la couleur des feuilles, la grosseur des sarments, le niveau d’entassement du feuillage, l’importance des entre-coeurs peuvent être des indicateurs de la vigueur de la parcelle. Sauf cas de carence, la quantification et l’interprétation sont toutefois rendues délicates par le caractère subjectif de cette évaluation. Il est donc nécessaire de réaliser des mesures pour en avoir une idée objective : diamètre du sarment, poids moyen du sarment ou poids des pétioles. Ces mesures sont simples mais difficiles à systématiser. De plus, elles nécessitent des référentiels régionaux. Les autres outils à la disposition du viticulteur viennent en complément : analyse foliaire, analyse de terre (taux de matière organique et C/N), mesure de l’indice chlorophyllien.

Le diagnostic foliaire est un bon critère afin d’évaluer le niveau de nutrition de la vigne. Le tableau suivant résume les teneurs en azote total à la floraison :

% Azote Total Carence Moyen Excès
Limbes < 2 2 à 2,3 > 2,5
Pétioles < 1,7 1,7 à 3 > 3

Comment agir en cas de carence ?

S’il s’agit d’une carence persistante, un apport d’azote au sol ou par ferti-irrigation, avant floraison, à la dose de 30 unités, constitue un traitement efficace. Lors d’une carence plus ponctuelle, dans le cas d’une vigne enherbée par exemple, le recours à des pulvérisations foliaires d’azote (10-20 unités) sous la forme d’urée ou de nitrate de potassium peut être envisagée afin d’augmenter la teneur en azote assimilable des moûts. La mise en œuvre d’engrais verts permet de maintenir voire d’améliorer le taux de matière organique des sols.

CONTACT

Laure Gontier et Jean-Yves Cahurel
laure.gontier@vignevin.com