La préparation du sol en vue d'une plantation

La plantation est un point fondamental de la production de vin. C’est une étape clef dans l’établissement des choix techniques qui accompagneront la parcelle dans son vécu. Le succès de la plantation repose sur le juste choix du matériel végétal (cépage et porte-greffe), une préparation du sol adéquate et une organisation vigoureuse.

Pourquoi est-il important de bien comprendre son sol ?

La plantation demande un investissement important. L’analyse de sol permet de conduire une réflexion et d’éviter des erreurs sur le choix du porte-greffe et des amendements avant plantation (avec pour priorité d’équilibrer le sol et d’éviter des carences). Elle aide à orienter les futures fertilisations en fonction de la composition du sol et des objectifs de production.

L’étude des sols s’effectue en plusieurs étapes. La première consiste à évaluer la situation géomorphique de la parcelle. Comprenez, sa pente, sa pierrosité, son exposition, la battance et la présence de mouillère.

Il est fortement préconisé d’effectuer des carottages manuels à l’aide d’une tarière sur 1m de profondeur et peut être accompagnée d’une fosse pédologique. Durant cette analyse, des observations sont faites par horizon différenciés sur la texture du sol, sa couleur, sa structure (porosité, compaction, hydromorphie…) et son activité biologique (présence de vers de terre, galeries…).

Le raisonnement doit, de plus, tenir compte de la diversité des situations pédoclimatiques, économiques et des objectifs de production.

Image

technique-v.i.e.-fiche-preparation-du-sol-image-fosse

Une analyse physico-chimique d’un échantillon de sol peut être réalisée par des laboratoires certifiés. Ces analyses sont répétées en plusieurs points en fonction de la taille de la parcelle et de son homogénéité. Les données du laboratoire doivent impérativement renseigner la granulométrie, le taux de matière organique, l’azote total, le rapport C/N, le pH de l’eau, le pH KCI, la Capacité d’Echange Cationique (CEC), les cations échangeables, le calcaire total et le calcaire actif. En fonction de la nature du terrain, de l’ancienneté de sa vocation viticole et des observations antérieures, d’autres éléments peuvent être recherchés (cuivre, bore, …).

Ces analyses physico-chimiques renseignent du potentiel agronomique du sol, en termes de fertilité minérale et de capacité hydrique. Ces résultats sont d’autant plus importants pour ajuster les amendements en préparation d’une nouvelle plantation.

L’analyse de sol permet aussi de justifier sa sélection végétale, puisqu’un porte-greffe s’adapte aux objectifs de production fixés et au sol dans lequel il évolue.

Dans tous les cas, une préparation de sol se fait en fonction du précédent cultural. Il renseigne sur les conditions agronomiques de la parcelle.

-> Voir les caractéristiques des cépages et porte-greffe

Quels sont les aménagements envisageables pour préparer ma parcelle ?

L’utilisation d’un pulvérisateur confiné est recommandée dans un V.I.E.

L’aménagement de la parcelle a pour principal objectif d’améliorer les conditions physico-chimiques et biologiques du sol, en créant un environnement favorable au développement de la vigne.

Dans le cas d’une replantation : éliminer les racines

Dans le cas d’une replantation, un traitement de dévitalisation des souches peut être effectué après la dernière vendange sur la parcelle à replanter. Ce traitement est fortement recommandé en cas d’observation de symptômes de court-noué. La dévitalisation est un traitement herbicide systémique effectué par voie foliaire, impérativement avec des panneaux récupérateurs. Afin de réduire les risques de contamination par le pourridié et le court-noué, les racines de la plantation précédente doivent être extraites. Des labours profonds permettent de faire remonter ces racines et ainsi les exporter de la parcelle. Ce type de labour ne doit pas dépasser les 40 cm de profondeur de travail sous peine de dégrader à long terme la vie du sol, ainsi que de remonter des matières moins fertiles à la surface en perturbant le profil du sol. Ce labour profond est inévitable en cas de présence de court-noué ou de pourridié, mais il est préférable d’éviter d’avoir recours à cette pratique.

Important : tous ces travaux d’ameublissement, et en particulier la décompaction, doivent être faits en terrain bien ressuyé. La réussite et la vigueur d’un jeune plantier en dépendent très souvent.

Décompacter le sol

Pour améliorer le profil structurel du sol, il est possible d’effectuer un décompactage mécanique. Par l’utilisation d’un Ripper, les sols compactés en profondeur vont se fissurer sous l’action mécanique. Dans les sols argileux, ce décompactage permet aux racines de se développer dans les fissures. Cette technique ne mélange pas les horizons, elle est plus respectueuse pour le sol mais ne permet pas de faire remonter les racines. Pour décompacter l’intégralité de la parcelle, il est nécessaire d’effectuer plusieurs passages croisés.

Assainir les parcelles sujettes à l’asphyxie hydrique

Dans le cas des parcelles sujettes à l’humidité et à l’asphyxie hydrique, un assainissement peut être envisagé. La vigne tolère une humidité temporaire mais l’excès d’eau nuit à son développement et au bon fonctionnement du sol. La création de fosses ou de mise en place de drains sur les zones les plus humides peut répondre à cette problématique hydrique. Le choix du porte-greffe peut aussi s’orienter vers des variétés moins sensibles à l’asphyxie dans les sols qui y sont sujets (éviter 110 R, 41 B, 3309 C ou 420 A par exemple).

Quelle est la durée de repos du sol dans le cas d’une replantation ?

Il est fortement conseillé en toutes circonstances de respecter un minimum de 18 à 24 mois entre arrachage et replantation, mais les réalités économiques font que cette préconisation n’est souvent pas respectée. Outre les avantages liés à la structuration du sol et à la reconstitution du stock d’humus, un repos de 5 à 7 ans est efficace pour retarder la contamination des jeunes plants par le court-noué, virose transmise par des nématodes du sol (Xiphinema index) et qui affecte de très nombreuses parcelles. Cette période peut être mise à profit par l’implantation d’un couvert. L’action racinaire du couvert permettra une décompaction biologique du sol et permet ainsi d’améliorer sa porosité mais aussi sa teneur en matière organique. Certains couverts végétaux à base de plantes antagonistes de Xiphinema index (avoine, trèfle violet, lupin blanc, sainfoin, lotier, luzerne…) peuvent avoir un intérêt complémentaire à la dévitalisation en situation de fort court-noué, tout en ayant pour certaines un effet engrais vert (en savoir plus sur le jachères avec le projet Jasympt).

Quel est le coût de la préparation du sol ?

Avant toute chose, il est important de rappeler que la plantation est une opération importante dans l’établissement d’un vignoble stable et durable à la production. Minimiser les coûts de chantier ne représente pas une solution satisfaisante dans le temps. Parallèlement, les solutions les plus onéreuses doivent aussi être prises en compte de façon raisonnée.

Image

technique-v.i.e.-fiche-preparation-du-sol-couts

CONTACT